Joan Ayrton
Ring road
05 septembre - 12 octobre 2013
Interview avec Florence Grivel RTS 05 09 13
Pour sa seconde exposition à davel 14, Joan Ayrton présente un travail qu’elle a développé suite à son voyage en Islande, réalisé en août 2012 grâce au soutien du Centre National des Arts Plastiques (CNAP, fr) pour le développement d’une recherche artistique. Le paysage, en particulier minéral, étant la source dominante de son inspiration, elle a été naturellement attirée par cette destination proche du cercle polaire.
Suivant le parcours de l’unique route en forme d’anneau qui borde l’île, «the Ring road», elle découvre une nature à la fois minérale et fluide, la force du paysage rocheux et les coulées de cendres, l’omniprésence de l’eau. Aussi, lors de son séjour à Reykjavik, elle fait la découverte, dans les marchés et chez les libraires de la ville, d’une pratique artisanale singulière datant du Moyen-âge, liée à la tradition littéraire islandaise dont on connaît les fameuses sagas, celle de la « reliure du paysan » dite « Baendaband », un nom informel donné par les bouquinistes de l’île aux livres reliés par les habitants eux-mêmes et recouverts de papiers marbrés de leur fabrication. Ces papiers la frappent tant ils semblent être la représentation des paysages islandais. Leur réalisation par dépôt de couleur sur l’eau se repoussant et s’imbriquant, est pratiquement identique à celle utilisée par l’artiste depuis 2008 pour ses séries «Entre-nuits», «Plis et déplis» et «Moon». Dans son cas, il s’agit d’une laque glycérophtalique déposée sur des plaques de métal de petit format où le mouvement dessiné par la réaction naturelle chimique a autant d’importance que celui de son propre geste.
Frappée par la particularité de la relation entre la nature et la culture de l’Islande, Joan Ayrton agence son propos en faisant apparaître l’image réelle du paysage par ses photographies aux côtés de ses petites laques (série islandaise) et des papiers marbrés, dont un est reproduit en grand format sur papier et collé à même la paroi. Parallèlement une documentation photographique des livres reliés, Baendaband Documentary, faite durant son séjour, constitue l’édition qu’elle présente à la galerie, un clin d’oeil à la galeriste, elle-même relieuse de formation. Voir l'édition
La manière de jouer des formats, des matières ou des sujets de Joan Ayrton dans l’espace, de l’horizontal et du vertical, met en avant la perspective d’une correspondance élargie, dont la lecture devient circulaire défiant toute chronologie ou hiérarchie.
De nationalité anglaise, née en Suisse en 1969, Joan Ayrton a étudié aux beaux-arts de Londres et de Paris où elle vit actuellement. Elle a collaboré à différents projets scénographiques et a participé à de nombreuses expositions collectives en Suisse et en France depuis une dizaine d’années. Personnellement elle a exposé en Chine et régulièrement en France. «grey and grey» à davel 14 en janvier 2011 a été sa première exposition personnelle en Suisse, pour laquelle elle a réalisé la pièce «Mises à vue», 30 exemplaires à l‘acrylique sur verre, présentée actuellement à l’exposition «Lémancolia» au Musée Jenisch de Vevey jusqu’au 13 10 2013.
Joan Ayrton présente sa série islandaise à la FIAC du 24 au 27 10 13 à Paris avec Florence Loewy