Ignazio Bettua
présente les vraiment très beaux papiers de Carmilla et les puntine…
Exposition du 29 avril au 24 mai 2008
Dans sa manière d'entrer en relation avec un lieu, liant étroitement dans son travail le sens à la forme, Ignazio Bettua se sert ici de punaises, objets désuets du quotidien, attirantes par leurs formes rondes et leur couleurs vives. Au davel 14, la lumière, les parois, les espaces sont totalement dépareillés, d'un lieu de travail qui a pris l'affectation d'une galerie sans en modifier le caractère. En utilisant les «puntine» en nombre, telle une trame, il va, d'une part uniformiser ou exposer par la répétition du motif cet espace si particulier, d'autre part accrocher telles des images les papiers qu'il y a rencontré...
Il y avait une fois des puntine qui voulaient fixer de beaux papiers, mais de vraiment très beaux papiers. Elles firent donc le tour du monde pour en trouver, et à la vérité, les beaux papiers ne manquaient pas ; mais elles ne pouvaient jamais s'assurer si c'était de vraiment très beaux papiers ; toujours quelque chose en eux leur paraissait suspect. En conséquence, elles revinrent, dans leur petite boîte, bien affligées de n'avoir pas trouvé ce qu'elles désiraient.
Un soir, il faisait un temps horrible, les éclairs se croisaient, le tonnerre grondait, la pluie tombait à torrents ; c'était épouvantable ! Quelqu'un frappa à la boîte des puntine, elles s'empressèrent d'ouvrir.
C'étaient de beaux papiers ! Mais grand Dieu ! comme la pluie et l'orage les avaient arrangés ! L'eau rentrait au recto et sortait au verso, ruisselait le long de leurs tranches et de leurs fibres gondolées. Néanmoins, ils se donnèrent pour de vraiment très beaux papiers appartenant à Carmilla.
« C'est ce que nous saurons bientôt ! » pensèrent les puntine. Puis sans rien dire, elles entrèrent dans la chambre à coucher, ôtèrent toute la literie, et l'une d'elles se mit au fond du lit. Ensuite, elles prirent vingt matelas, qu'elles étendirent sur la petite puntina, et encore vingt édredons, qu'elles entassèrent par-dessus les matelas.
C'était la couche destinée au séchage des beaux papiers. Le lendemain matin, on leur demanda comment ils avaient passé la nuit.
« Bien mal ! répondirent-ils ; à peine si nous avons fermé les yeux de toute la nuit ! Dieu sait ce qu'il y avait dans le lit, c'était quelque chose de pointu qui nous a mordu au plus profond de notre trame. Quel supplice !
À cette réponse, on reconnut que c'était de vraiment très beaux papiers, puisqu'ils avaient senti une unique petite puntina à travers vingt matelas et vingt édredons. Quels papiers, sinon les vraiment très beaux papiers de Carmilla pouvaient être aussi précieux ?
Les puntine, bien convaincues que c'était de vraiment très beaux papiers, les fixèrent aux murs de la galerie davel 14 à Cully, où vous pouvez apprécier leur joyeuse multitude du 29 avril au 24 mai 2008.
Voilà une histoire vraiment vraie.